Cet article est issu d’une adaptation du texte de Caroline Couture, Ph. D. Professeure titulaire, Département de psychoéducation Université du Québec à Trois-Rivières dans le MOOC « L’éducation des élèves doués » disponible sur Université du Québec à Trois-Rivières - MOOC (site public) (uquebec.ca)
Dans cet article, nous allons parler des élèves doublement exceptionnels ou « twice exceptional ». Il s’agit d’élèves qui manifestent des caractéristiques d’enfants à haut potentiel intellectuel, tout en ayant les caractéristiques liées à un trouble des apprentissages ou neurodéveloppemental.
Ces élèves sont plus susceptibles de ne pas être reconnus comme précoces et de ne pas bénéficier des mesures éducatives appropriées à leurs habiletés et à leurs besoins réels.
Dans les faits, souvent, les interventions déployées pour eux sont plus axées sur leurs problèmes ou leurs difficultés tout en tenant peu compte de la douance de l’élève. Le recours à de telles interventions peut entrainer d’autres problèmes d’adaptation ou encore de la sous-performance de la part de l’élève.
Quelle est la définition du caractère doublement exceptionnel?
En fait, il faut savoir qu’il n’existe pas de définition française de cette condition dans les documents du ministère de l’Éducation. Cette appellation provient des États-Unis et c’est aussi de ce pays que viennent les définitions disponibles.
Il existe deux définitions :
La première est plus restrictive. Selon elle, l’élève est doublement exceptionnel s’il est à la fois identifié HPI et diagnostiqué comme ayant une incapacité. Ces incapacités font ici référence à un handicap ou à un trouble physique comme la surdité et la dyspraxie ou bien à un trouble neurodéveloppemental comme le TDAH, un troubles spécifique des apprentissages ou encore un TSA (trouble du spectre de l’autisme). On peut cependant critiquer cette définition, car elle laisse de côté de nombreux élèves qui ne sont pas diagnostiqués.
En effet, la précocité intellectuelle peut souvent masquer les déficits et vice-versa, les déficits peuvent masquer la précocité.
Il existe une deuxième définition plus pertinente puisqu’elle stipule qu’un élève est doublement exceptionnel lorsqu’il manifeste des caractéristiques du HPI et qu’il présente des caractéristiques d’un trouble d’apprentissage ou d’adaptation. Mais les caractéristiques de ces troubles ne doivent pas nécessairement être diagnostiquées. C’est donc une définition plus inclusive qui permet de répondre aux besoins de façon plus précoce.
A présent le trouble défini, il faut savoir qu’il existe 3 profils d’élèves doublement exceptionnels.
Le premier profil réfère aux élèves identifiés EIP (enfant intellectuellement précoce) mais dont la douance masque une incapacité ou un trouble. Ces élèves sont en mesure de compenser leur déficit en redoublant d’efforts ou en utilisant des moyens compensatoires. Dans ces situations, l’incapacité ou le trouble demeure non diagnostiqué malgré les difficultés de l’enfant. Par contre, les difficultés de l’élève peuvent augmenter au fur et à mesure que les tâches scolaires deviennent plus exigeantes et comme l’incapacité ou le trouble demeurent masqués on peut attribuer ces difficultés à un manque de motivation ou d’effort, à un trouble de l’opposition (TOP) ou encore à une mauvaise volonté de l’élève.
Un deuxième profil correspond aux élèves qui ont des incapacités ou des troubles qui masquent le haut potentiel. On parle d’élèves dont l’incapacité ou le trouble est suffisamment sévère pour être diagnostiqué mais la présence de ce trouble fait en sorte que le HPI passe complètement inaperçue. Ces élèves reçoivent habituellement des aides pour leur trouble mais l’accent est uniquement placé sur leur faiblesse. En conséquence, on remarque qu’ils ne reçoivent pas adaptations scolaires concernant leur domaine particulier de force.
Les élèves du 3e profil sont ceux dont ni la douance ni les déficits ne sont identifiés. On parle d’élèves dont aucune des conditions n’est identifiée car elles se masquent mutuellement. Ils fonctionnent typiquement comme les autres élèves de leur classe avec un rendement dans la moyenne. Mais pour eux le rendement moyen correspond néanmoins à une sous-performance. Ce sont les élèves qui passent le plus inaperçus dans le système scolaire.
Pour terminer, abordons les interventions recommandées pour les élèves doublement exceptionnels. Il faut d’abord dire que les élèves doublement exceptionnels ont des besoins divers, à la mesure de leurs profils, qui peuvent prendre des directions très différentes les uns des autres.
C’est pourquoi il est important, si l’on soupçonne une double exceptionnalité, qu’une évaluation psychologique approfondie soit réalisée par un professionnel qui maîtrise les deux domaines. Cette évaluation permettra d’identifier le profil de l’élève sur le plan de ses forces et sur le plan de ses difficultés ainsi que les inters influences entre les deux.
Évidemment, les interventions dépendent du trouble ou de l’incapacité de l’élève, mais l’intervention précoce est essentielle pour prévenir des problèmes d’adaptation plus graves et pour soutenir le développement du potentiel de l’élève.
Il existe très peu de recherche sur les interventions efficaces pour ce type d'enfants et les écrits à ce sujet sont surtout cliniques et anecdotiques.
Ces écrits montrent que les interventions à privilégier sont celles qui nourrissent le haut potentiel des élèves tout en tenant compte de leur intérêt et en adressant leurs difficultés.
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